Évolution de la Consommation

Consommation

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Le mythe bien français du steak-frites, si possible accompagné d’une grosse miche de pain, a vécu. Ce repas type était peutêtre celui de nos compatriotes, il y a quelques décennies, mais il n’a plus grand-chose à voir avec ce qui se trouve dans l’assiette des Français d’aujourd’hui

« Les préoccupations de santé guident les choix »

« En quarante ans, les Français ont modifié leurs comportements alimentaires », assure l’INSEE, dans une étude qui dresse les évolutions entre 1960 et 2001. « Les modes de vie ont beaucoup changé », ajoute la statisticienne Christine Monceau, l’une des rédactrices du rapport. « Chasse aux calories dans de nombreuses couches de population, style de vie urbain et rapide, augmentation du travail féminin avec une baisse du temps que les femmes peuvent consacrer à la préparation des repas. » L’Hexagone compte également bien moins de travailleurs de force ou d’agriculteurs qu’autrefois : « Avec l’urbanisation, les modes de vie de plus en plus sédentaires réduisent les besoins en produits traditionnels à forte valeur nutritive », comme les pommes de terre, les légumes secs, les œufs, le riz ou le pain, dont les ventes chutent de 1,4 % par an depuis 1960, note l’INSEE.

Le portefeuille s’en ressent aussi, la part de l’alimentation dans le budget de la ménagère est passée de 20 à 14 % en quarante ans. Si nos besoins alimentaires sont différents nous essayons aussi de manger de manière équilibrée. Place aux plats cuisinés allégés, aux poissons sans graisses, aux poêlées de légumes surgelés, des produits souvent bien équilibrés sur un plan nutritionnel. « Les préoccupations de santé guident plus souvent les choix, on mange moins de gras qu’avant », affirme l’INSEE. Les eaux minérales connaissent un boom ininterrompu depuis les années 1960 et la consommation de sucre diminue de 3,1 % par an depuis 1971. Les produits connotés « santé et forme », comme les jus de fruits et de légumes ont trouvé leur place dans les cuisines de toutes les classes sociales.

Si les adultes sont raisonnables, on ne peut en dire autant de leurs enfants. Selon l’INSEE, les jeunes se gavent de pâtisseries, de boissons sucrées et de confiseries. « Ils mangent moins souvent à la maison que leurs aînés, et ce sont eux qui développent le plus les habitudes inquiétantes de grignotage », détaille Christine Monceau avec des progressions ahurissantes de 4,5 % de sodas par an. Une « mal bouffe » que l’on retrouve dans tous les pays développés, mais qui avait jusqu’au début de la décennie précédente épargné la France. Sodas (Coca, Fanta, Gini, etc.) avalés à toute heure du jour, fast-food avec ses cortèges de hamburgers et de milk-shakes dégoulinants, bonbons et barres de chocolat grignotés pour un rien, les jeunes Français rattrapent les kids américains. Une vraie menace pour leur santé, l’obésité infantile touche aux ÉtatsUnis 15 % des adolescents et en France les spécialistes pronostiquent une hausse spectaculaire pour les cinq prochaines années. Le message de l’INSEE est clair, les jeunes devraient toujours prendre modèle sur leurs parents... du moins dans leurs assiettes.

La dégringolade du steak

Nous ne sommes plus aussi carnivores qu’il y a quarante ans. Crainte de la vache folle ? Oui, mais pas seulement. Selon l’étude de l’INSEE, « les viandes rouges sont pénalisées par la guerre que font les consommateurs... aux matières grasses ». La consommation en volume par habitant a commencé à chuter dès 1980, à l’époque personne ne se souciait de la terrible maladie, la tendance était plutôt à la chasse aux calories, la viande rouge étant plus grasse que la volaille. Par la suite, dès le milieu des années quatre-vingt-dix, la peur de la vache folle a effectivement accentué la baisse. Autre responsable, le prix du bœuf qui a freiné les ménages et les a incités à acheter des viandes moins chères, comme le porc ou la volaille.

« C’est vrai, confirme Louis Oringa, du Centre d’information des viandes, la consommation de viande rouge ne représente désormais que 36 grammes par jour et par habitant, soit l’équivalent de deux steaks par semaine. Je tiens à préciser cependant que le bœuf est accusé injustement sur son taux de graisse, il ne constitue que 4 % des apports en matière grasse dans notre alimentation. Arrêtons de l’accabler de tous les maux ! »

Moins de viandes rouges, mais plus de volailles et surtout, davantage de poissons, notamment en plats déjà préparés, surgelés ou non. La demande « explose véritablement » dans la deuxième moitié des années 1980, avant de stagner une dizaine d’années plus tard. Le poisson frais connaît hélas moins de succès : « Moins pratique à acheter et surtout à conserver, il est de surcroît pénalisé par des prix en forte hausse », avertit l’Insee.