L’emballage « tagué » tag

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Une barquette en polystyrène expansé (PSE) dotés d’une puce radiofréquence (RF)... Les produits alimentaires frais ont désormais une solution pour lutter contre la démarque inconnue. Car ce fléau n’est pas réservé aux seules lames de rasoirs ou produits conditionnés sous blister. Pour preuve, selon le Baromètre européen sur le vol dans le commerce de détail 2004, le rayon de la viande emballée représente 6 % du phénomène.

Née de ce constat, l’association de Linpac, le leader mondial de la barquette en PSE, et de Checkpoint, le spécialiste de l’étiquetage RF, a abouti à une innovation majeure : l’union de la technologie radiofréquence et des produits frais et humides. Ce qui a demandé 12 mois de recherche pour la mise au point du produit final et plus de 3 ans pour le développement d’un tag très spécifique, baptisé « Meat Label série 2010 ». Les premiers produits sont dans les rayons français depuis mi avril. Et les tests en magasins ont déjà permis de réduire les vols de 50 %.

Un cahier des charges contraignant

Le cahier des charges était plus que contraignant, comme le rappelle Vincent Saubaber, directeur des grands comptes et directeur marketing de Checkpoint : « Nous devions plancher sur un tag qui, à des températures très basses et à des taux d’humidité très élevés, ne se décalent pas en fréquence, sous peine de ne pas être lu par les systèmes classiques en place dans les magasins. » Or, une étiquette RF classique est composée de filaments « aluminisés », imbriqués les uns dans les autres et maintenus ensemble par du silicone. Problème : l’humidité provoquée par l’exsudat de la viande risquait de se loger dans les interstices des cercles d’aluminium et donc de rendre l’antivol inefficace. « Nos équipes ont trouvé la parade, explique Vincent Saubaber. Un seul bloc d’aluminium remplace les filaments. » D’une pierre, deux coups : cette conception permet d’éliminer le silicone et n’altère pas la recyclabilité de l’emballage.

Vers un tag RF à 13,56 Mégahertz

De son côté, Linpac a dû renforcer la sécurité en isolant ce tag pour éviter tout contact direct avec la viande. Le groupe britannique a développé des moules spécifiques, avec un procédé à chaud qui permet de sceller cette étiquette de chaque côté, à l’intérieur même de la matière, en simultané. Au final, le spécialiste américain de l’étiquetage RF garantit un décalage de fréquence de plus ou moins 5 %, ce qui assure la lecture dans un environnement humide.

Autre contrainte et non des moindres : Checkpoint devait rendre ses tags « industrialisables ». L’objectif était d’atteindre 24 000 étiquettes par heure. « À ces cadences, les phénomènes électrostatiques induits peuvent détruire la puce, précise Vincent Saubaber. Nous avons donc équipé l’étiquette d’une protection circulaire qui absorbe cette énergie. »

Pour l’heure, la solution baptisée LINfo, est proposé avec une puce RF qui résonne à 8,52 MégaHerts (Mhz). Elle n’autorise donc que des fonctions binaires, avec une désactivation en caisse. « Avec notre avance technologique, nous avons les moyens d’offrir demain une barquette avec un tag RFID d’une fréquence de 13,56 Mhz », avance le directeur marketing. Ce qui permettrait de suivre le produit à la trace et de gérer toute la chaîne logistique, en plus de la fonction antivol.

Les Plus

  • Scellée dans le fond de la barquette en PSE, l’étiquette RF est invisible aux yeux des consommateurs.
  • Le procédé est automatisé, avec une pose de 24 000 tags / heure dans la matière.
  • Des tests en magasins ont déjà permis de diminuer de 50 % la démarque inconnue au rayon boucherie.

Les Moins

  • La version de tag RF, baptisé 2010, est 7 % plus chère qu’une étiquette RF classique.
  • Seules les barquettes au format standard sont proposées avec cette technologie antivol.

L’impact

La technologie RF est déjà utilisée pour la protection de produits tels que les cosmétiques, les alcools... Mais l’adaptation au rayon frais, avec toutes les contraintes techniques que cela engendre, est une première sur le marché. Le partenariat entre Linpac et Checkpoint donne aux deux industriels une avance sur le sujet. Aujourd’hui proposé pour lutter contre la démarque inconnue au rayon boucherie, cette solution devrait étendre ses applications à biens d’autres produits alimentaires.