Les ataxies cérébelleuses dominantes

Réadaptation

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Héréditaires, dégénératives, touchant la moelle épinière et/ou le cervelet (hérédo-dégénérescences spinocérébelleuses) ou essentiellement le cervelet (atrophies ou ataxies cérébelleuses systémiques), elles sont trop nombreuses et souvent trop mal individualisées pour être toutes détaillées ici: il s'agit, sous une appellation commune, de regroupements de formes voisines plus que d'entités propres et leur connaissance évoluera sans doute beaucoup dans un proche avenir. Elles sont séparées en deux grands groupes en fonction du mode de transmission génétique:

Les maladies à transmission autosomique récessive, dont fait partie l'ataxie de Friedreich, comprennent aussi la maladie de Strümpell-Lorrain qui, dans sa forme « pure », touche électivement la moelle épinière.

Les ataxies cérébelleuses autosomiques dominantes, dont la distinction des formes entre elles est en pleine révolution sous l'impulsion de la génétique: ces maladies dominantes ont été appelées ataxie de Pierre-Marie, atrophie olivo-ponto-cérébelleuse (AOPC) de type Menzel, atrophie corticale pure de Holmes ou maladie de Machado-Joseph, selon les tableaux cliniques ou les lésions observées.

Ce groupe d'affections est toujours classé en quatre grands groupes (selon Harding), même si les connaissances génétiques permettent de plus en plus d'affiner les limites entre formes proches; ces groupes distinguent quatre tableaux cliniques en fonction des troubles associés à l'ataxie cérébelleuse:

  1. type I (le plus fréquent): atteinte motrice (pyramidale), atrophie optique, paralysie oculomotrice, troubles intellectuels;
  2. type II: dégénérescence de la rétine;
  3. type III: ataxie cérébelleuse pure;

Les ataxies cérébelleuses dominantes touchent environ 5 personnes sur 100 000 (environ 3000 personnes en France). Les recherches génétiques en montrent sans cesse la complexité (on sait par exemple que le type I peut être dû à l'altération d'au moins 5 gènes différents).

La maladie se révèle le plus souvent entre 25 et 45 ans mais parfois avant ou après. Dans le type I, ce sont en général des troubles de l'équilibre qui sont révélateurs; les autres signes d'atteintes du cervelet (notamment les difficultés d'articulation de la parole) sont plus tardifs. S'ajoutent à ces troubles le plus souvent une atteinte de la sensibilité profonde (perception des parties du corps dans l'espace). Plus tardivement peuvent s'associer des paralysies de certains mouvements des yeux, des troubles de la déglutition, voire des troubles sphinctériens.

Il y a une grande variabilité de la maladie entre les sujets atteints, y compris dans une même famille. Ce sont des maladies qui évoluent progressivement sur une durée de 20 à 30 ans, mais les signes peuvent rester cependant stables pendant plusieurs années.

Il n'existe pas encore de traitement susceptible d'enrayer la dégénérescence des cellules nerveuses, responsable de la maladie. Les traitements actuels sont symptomatiques, et visent à combattre certains signes et à préserver l'autonomie.

Pour mémoire sont donnés quelques éléments sur certaines de ces affections les plus « connues », en rappelant encore une fois qu'elles recouvrent des formes proches d'affections dont la connaissance et la distinction sont en pleine évolution. Leur appellation même est déjà désuète, mais parfois encore utilisée.

  • L'hérédo-ataxie cérébelleuse de Pierre-Marie, qui regroupe des formes d'affections se distinguant de la maladie de Friedreich par un début souvent plus tardif (deuxième ou troisième décade, mais parfois dès l'enfance), une évolution plus lente, l'absence de troubles sensitifs profonds, d'atteinte cardiaque, de déformations (scoliose, pieds creux) et une transmission génétique différente, le plus souvent dominante (chaque porteur du gène est atteint). Elle se manifeste par un syndrome cérébelleux et une atteinte pyramidale de la motricité volontaire. Cette affection correspond probablement à une forme d'ataxie cérébelleuse autosomique dominante de type I.
  • La dystasie aréflexique de Lévy et Roussy (ou de Roussy-Lévy) est, plus que ces autres affections, mal étiquetée: considérée par les uns comme une forme particulière de maladie de Friedreich, mais par beaucoup comme une forme de maladie de Charcot-Marie-Tooth (proche de la maladie de Déjerine-Sottas); sa transmission est dominante, son début très précoce et ses manifestations (troubles sensitifs profonds, amyotrophie) généralement modérés.
  • L'atrophie olivo-ponto-cérébelleuse (AOPC) est une affection d'abord caractérisée par l'association de lésions au niveau du tronc cérébral (pont, ou protubérance, et olive bulbaire) et du cervelet; cliniquement, elle est proche de l'hérédo-ataxie de Pierre-Marie. Elle peut s'associer à une atteinte médullaire proche de l'ataxie de Friedreich (AOPC de type Menzel). L'âge de début est variable, y compris au sein d'une même famille, mais en général dans l'enfance. Le rythme évolutif, souvent lentement progressif, est lui aussi extrêmement variable. La transmission génétique hétérogène (le plus souvent dominante) témoigne du fait que l'AOPC correspond à différentes affections proches, qui touchent environ un individu sur 30 000 en France, et non à une entité.

Actuellement, le terme français d'AOPC tend à être remplacé par celui d'ataxie cérébelleuse autosomique dominante (abréviation anglaise: ADCA) dont la génétique affine sans cesse la distinction entre formes: le type I est très hétérogène (cinq gènes différents sont impliqués), le type II, relativement rare, se caractérise par l'association à une atteinte oculaire (rétinite pigmentaire).

  • La dyssynergie cérébello-myoclonique de Ramsay-Hunt comporte d'abord une atteinte des voies cérébelleuses à destination de la moelle. Cliniquement, le syndrome cérébelleux s'associe à des myoclonies (contractions brèves et brusques involontaires des muscles). Ce syndrome correspond là aussi à un groupe hétérogène d'affections d'origine mitochondriale, au plan clinique comme génétique.
  • L'atrophie cérébello-olivaire de Holmes et l'atrophie des grains du cervelet (maladie récessive autosomique rare, débutant dans la première année de vie, associant ataxie et déficience mentale, peu ou non évolutive) sont deux autres affections (ou regroupement d'affections) proches.
  • La maladie de Machado-Joseph est une forme de la maladie de Joseph: ataxie spino-cérébelleuse héréditaire surtout fréquente au Portugal et au Japon, qui apparaît entre 30 et 40 ans (ataxie cérébelleuse, paralysies oculaires, perte sensorielle, faiblesse musculaire...). Elle est héréditaire, autosomique dominante et appartiennent aux ataxies cérébelleuses autosomiques dominantes.
  • L'ataxie due à une déficience en vitamine E: maladie rare, dont l'aspect clinique est très proche de la maladie de Friedreich. Le dosage de la vitamine E dans le sang en fait le diagnostic. Un apport de vitamine E ralentit l'évolution et peut entraîner des améliorations à un stade peu avancé.

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