Les préservatifs en polymères synthétiques moins efficaces que ceux en latex !

Santé publique

Tags : Santé publique | 

L’allergie au latex, croisée une fois sur deux avec l’allergie à la banane, l’avocat, le kiwi, la mangue, etc., peut débuter n’importe quand dans la vie et sa prévalence semble en augmentation (0,4 %) probablement à cause de l’utilisation accrue d’objets en caoutchouc comme les gants et les condoms. Elle est particulièrement fréquente chez les personnes régulièrement exposées au latex (professionnels de santé dans les trois-quarts des cas, malades multiopérés, travailleurs de l’industrie du caoutchouc ou de l’agroalimentaire) avec une forte prédominance féminine (sex ratio de 4/1) et sa gravité peut parfois être extrême. Il est donc devenu rapidement nécessaire de disposer de préservatifs sans latex (polyuréthane, élastomère synthétique).

M.F. Gallo et coll. nous proposent une revue de synthèse des différentes études randomisées et contrôlées comparant l’efficacité des deux types de préservatif masculin. Une seule des 10 études sélectionnées suggère une augmentation du taux de grossesse non désirée chez les utilisateurs de préservatifs non en latex. Il ressort principalement que les préservatifs non en latex présentent un taux de rupture significativement plus élevé que leurs homologues en latex avec un old ratio allant de 2,6 (IC 95 % 1,6 - 4,3) à 5 (IC 95 % 3,6 - 6,8). Pour les auteurs, cet effet secondaire ne remet pas en question l’intérêt des préservatifs non en latex qui restent une alternative acceptable pour ceux qui ne supportent pas le préservatif classique évitant ainsi une diminution de l’observance.

On peut quand même penser que cette augmentation démontrée du risque de déchirures puisse avoir des répercussions sur l’efficacité de ce type de condom remettant en cause leur efficacité. Dans le cadre d’une médecine basée sur des données scientifiques, des études spécifiques aux préservatifs non en latex sont nécessaires avant de pouvoir affirmer qu’ils continuent de présenter un intérêt comme protection contre les MST et les grossesses non désirées. Dans cette attente, il convient d’informer nos patient(e)s de ce risque important de rupture et des réserves que cela entraîne quant à leur effet anti-infectieux et contraceptif. Le minimum est de ne réserver ce produit qu’ aux patients et couples en ayant réellement l’indication (allergie au latex démontrée) et de ne pas se contenter d’une vague indication clinique.