Les produits de la mer

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Les 40 millions de francs que Narvik, numéro 1 du saumon fumé, consacre à la création d’une nouvelle ligne de production de surimi illustrent la nouvelle stratégie de désaisonnalisation de production des industriels bretons spécialisés dans la transformation des produits de la mer. Pasquier, le nouvel actionnaire de Narvik (282 millions de francs de chiffre d’affaires), pourra ainsi lisser plus efficacement les effectifs sur l’ensemble de l’année. Un autre argument conforte la politique initiée : si 3 650 tonnes de saumon frais sont mis tous les ans sur le marché par cette PMI dont les ventes progressent de 3 à 4 % sur ce créneau, les produits traiteurs de la mer et autres transformations plus élaborées font des bonds réguliers de 15 % par exercice !

Le créateur de la société Valmer, installée en périphérie rennaise, entend lui aussi profiter de cet engouement des consommateurs pour tout ce qui vient du large. Avec le partenariat actif du norvégien Hydro Seafood, premier producteur mondial de saumons, qui a pris 80 % du capital de Valmer, cette dernière s’est lancée dans la découpe de saumon. Elle propose à la grande distribution une gamme de produits découpés et piécés à l’unité, puis emballés sous vide. A plus long terme, cette jeune société, qui mise sur un chiffre d’affaires de 100 millions de francs en 1998, prévoit la création de steaks, rôtis, saucisses et brochettes, un ensemble de produits prêts à être consommés par des ménagères soucieuses de s’affranchir de préparations souvent laborieuses.

Du frais au surgelé

L’industrie du frais, mais aussi celle du surgelé, sont concernées par cette nouvelle valorisation des produits de la mer. En effet, les ventes des produits élaborés progressent plus vite que celles du poisson frais. Le groupe breton Sill (800 millions de francs de chiffre d’affaires), initialement concentré sur le secteur laitier, s’est progressivement diversifié dans la transformation élaborée de poissons. Chaque filiale a privilégié une cible particulière. Primel Gastronomie (125 millions de francs de chiffre d’affaires), la plus importante des trois sociétés, produit 7 000 tonnes par an de plats cuisinés à base de poisson sous marque distributeur. Elle s’apprête à investir 30 millions de francs dans l’extension de son outil industriel. Herry Gastronomie (10 millions de francs de chiffre d’affaires), se consacre aux recettes culinaires de haut de gamme, vendues notamment sous la marque Troisgros. La compagnie Arctique (30 millions de francs de chiffre d’affaires) mitonne des plats à base de coquille Saint-Jacques.,/p>

Les opportunités industrielles des produits de la mer ont aussi permis à la société Comapêche, établie à Saint-Malo, de se diversifier. La tendance est effectivement récente. Conscients des richesses potentielles des océans, les armateurs à la pêche investissent dans la filière de transformation. Comapêche (300 millions de francs de chiffre d’affaires) fabrique ainsi du surimi à bord d’un navire-usine.

Les armateurs se lancent dans la diversification

Au port finistérien de Concarneau, c’est l’armement Nicot qui envisage aussi la création cette fois, à terre - d’une usine de filetage pour mieux valoriser ses volumes de poissons frais. Une enveloppe de 50 millions de francs est prévue pour ce projet.

Cette montée en puissance s’accom-pagne d’une recherche bactériologique importante conduite par rtante conduite par l’association ID’Mer à Lorient et l’Adria (Association pour le développement de la recherche en agroalimentaire), à Quimper, qui aident les industriels à décliner les potentiels de la matière première en mettant au point des produits de qualité.

Car, pour gagner des parts de marché, la course à l’innovation fait rage. La société Océaniques, Finistère, a créé une gamme de terrine à base de produits de la mer et de poisson. Avec un chiffre d’affaires de 12 millions de francs et 300 000 francs de résultat net, cette affaire, initialement centrée sur la restauration hors foyer, souhaite désormais investir en marketing et équipements pour aborder le marché du libre-service de la grande distribution.

Mais cette poussée de l’industrie de la mer n’est pas sans revers. Le groupe Danone fermera en juin l’usine MarieSurgelés, près de Saint-Malo. Spécialisée dans les produits cuisinés à base de poisson, elle n’a pas, avec une production de 12 000 tonnes pour une capacité de 20 000 tonnes, atteint son seuil de rentabilité.

Promocéan crée un steak de poisson

Spécialisé dans la pêche hauturière, l’armement concarnois Nicot (250 millions de francs de chiffre d’affaires) investit dans la filière aval et lance une activité de transformation. Baptisée Promocéan, la nouvelle filiale de ce groupe familial va engager 5 millions de francs dans la réalisation d’une usine qui produira des steaks de poisson. La capacité de cet outil, opérationnel avant l’été à Concarneau, sera de 4 000 tonnes par an. L’objectif du groupe Nicot, qui exploite une flotte de dix navires, est de valoriser des espèces jusqu’à présent difficiles à vendre en l’état. Il s’agit de merlans, tacauds et autres poissons d’une taille trop petite pour être proposés aux consommateurs. Afin de respecter les exigences des consommateurs, de plus en plus attentifs à la qualité des produits qu’ils achètent, Promocéan inscrira sur chacun des emballages de ces steaks de poisson le lieu et la date de pêche, ainsi que le nom du chalutier. Cette société vise essentiellement les marchés de la grande distribution.